Titre : Histoire des chrétiennes. L'autre moitié de l'évangile
Auteur : Elisabeth Dufourcq
1258 pages
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Aujourd'hui, je vous parle d'un gros livre de 1258 pages qui a

comme titre« Histoire des Chrétiennes», en sous titre «L'autre

moitié de l'évangile», livre écrit par Elisabeth Dufourcq aux

éditions Bayard, et comme le dit le titre, ce livre parle de

toutes les femmes, depuis 2000 ans, qui ont entendu parler de

Jésus et de l'évangile.

Ce livre parle des saintes connues mais aussi des femmes simples comme les paysannes, les ouvrières et femmes de services mais aussi des patriciennes du temps des Romains ou des reines carolingiennes et toutes les femmes nobles ou de pouvoir, même des intellectuelles du temps des

révolutions.

L'originalité de ce livre est qu'il parle de tous les faits

historiques des civilisations traversées depuis deux mille

ans, vus du côté des femmes, et ceci avec un courage pour révéler

l'état réel des hommes en face, hommes d'État avec leurs

violences et vices, hommes d'Église avec leurs vies dissolues

et inverses de ce qu'ils prêchent. Oui, ce livre n'est pas conseillé

aux âmes sensibles qui pourraient se scandaliser de la réalité

de l'histoire. Je l'ai lu comme une rencontre avec Jésus au

jardin de Gethsémani où en agonie Jésus a vu ce que les hommes

ont fait de mal pour pouvoir en réparation les sauver tous, et

aussi ce que l'Église et sa hiérarchie ont vécu de scandaleux

et que Jésus a porté sur lui pour que malgré tout l'Eglise dure

jusqu'à nous.

C'est ainsi qu' il nous apprend que, jusqu'au 11ème

siècle et même plus, les prêtres et les évêques avaient

femmes et enfants et souvent leurs femmes géraient les biens

d'Église et organisaient le mariage de leurs enfants pour être

évêque de père en fils ou mariaient leurs filles à des nobles

ou des rois pour le patrimoine. Il faudra attendre st Bernard et

les Cisterciens et Bénédictins de Cluny pour imposer la chasteté

et le célibat aux prêtres et évêques pour le bien de tous, mais

même des papes comme les Borgia ont scandalisé les Romains par

leurs maîtresses adolescentes et leurs vies horribles.

Mais ce qui fend le plus le coeur, c'est de voir la première croisade où

les femmes avec enfants furent nombreux à partir et furent tous

violés et tués en chemin, Jésus que ton Église a été lourde dans

les souffrances de ta passion !

Dans ce livre on découvre des faits étonnants aussi au temps de

la fin de l'empire romain alors qu'il n'y avait que les patriciennes qui vivaient leur foi chrétienne, leurs maris à la vie dissolue et adultère attendaient la fin de leur vie pour se faire baptiser. Mais du côté des "barbares", dans leurs invasions leurs femmes les suivaient en caravanes, ils étaient

fidèles à une seule femme et elle avait droit de parole et de conseil , ce qui leur a permis d'être chrétiennes plus vite et authentiquement au temps de Clovis.

Savez-vous qu'à la Révolution, les femmes qui commencèrent à

découvrir l'évangile par l'imprimerie et les réformées furent

les plus actives à manifester en 1789, car elles espéraient

beaucoup d'être reconnues, de pouvoir voter et d'avoir accès à

l'enseignement. Un homme comme Condorcet les a défendues, mais la

muflerie des révolutionnaires les a matées par la violence,

interdites de vote, et ensuite Napoléon avec son code civil les a soumises totalement à leurs maris, dans une obéissance qui allaient jusqu'à la mainmise sur leurs salaires et héritages.

Savez-vous que jusqu'en 1600, les chrétiens n'entendaient que

20% des évangiles aux messes du dimanche, et aucune autre

source pour eux à part quelques moines assez riches. Quelle

chance pour nous actuellement!!

Savez-vous qu'en 1789, durant la Terreur et après la

dissolution des ordres religieux, dans les caves et greniers

où ils se cachaient, des femmes évangéliques mirent au point

des ordres nouveaux qui ensuite iront à travers la France et

jusqu'au bout du monde. Jamais on n'avait vu des femmes,

aventurières de la foi, créer dans la joie et la liberté ainsi

dans le monde, des hôpitaux, des écoles et autres institutions

proches des pauvres et des gens, utiles et reconnues par tous

les dirigeants d'aAfrique, d'Amériques ou d'Asie, et qui seront

les actrices de la mondialisation de l'Église, ce qui fait qu'aujourd'hui les blancs sont minoritaires en chrétienté. Ce furent les Filles de la charité avec une soeur comme Rosalie, les Filles de la sagesse, les soeurs bleues de Castres etc.

Elles furent soutenues financièrement par de riches veuves à la

Révolution, maîtresses de leurs patrimoine, comme Mme Ricoart qui

donna 66 000 livres-or, chiffre fabuleux pour l'époque, et qui alla

entre autres pour des écoles et des hôpitaux au Québec, au Chili et

ailleurs.

Mais ce livre a aussi l'originalité de nous montrer les Saintes connues sous un autre jour que dans leurs vies de saintes.

Ainsi on voit que ste Geneviève, patronne de Paris, était une

maîtresse femme de négoce et de transport de nourriture pour

les Parisiens, en plus de sa piété ;

que Jeanne d'Arc a su être en habit d'homme une femme forte

au milieu des soldats et des évêques critiques ;

que Thérèse d'Avila a su à la fois être habile pour réformer

son ordre avec l'inquisition dans les pattes, mais aussi une

négociante rusée pour acheter et trouver l'argent des maisons

où elle fonda des monastères.

Enfin, au milieu de plein d'autres femmes et saintes, une Chiara

Lubich sut ouvrir l'Église, par son mouvement les Focolari, à un

oecuménisme de toutes les religions pour l'unité autour de Jésus,

mais allant jusqu'aux entreprises pour vivre l'évangile

socialement.

Mais ce livre ira nous faire découvrir le parcours de femmes

plus en lutte contre l'Église, mais en même temps travaillées par

Jésus et les évangiles, comme des intellectuelles de la taille

de George Sand ou Simone de Beauvoir, dont le livre analyse

les reflexions.

Vers la fin, ce livre décrit aussi l'état actuel des réflexions,

soit sur la contraception et la position des Églises, puis sur la place des femmes dans la hiérarchie jusqu'à la prêtrise dans les Églises.

Je terminerai par les premières pages car ce sont des

splendeurs de méditations et de réflexions sur l'attitude de

Jésus dans les évangiles, comment il leur est attentif,

comment il se révélait à elles plus qu'aux apôtres (pensons à la

Samaritaine et son dialogue), comment il se met en cause et

change son action à leurs interventions (comme avec Marie à Cana

ou avec la Cananéenne dont il soigne l'enfant à sa prière "de

petit chien qui mange les miettes dessous la table de ses

maîtres"), des femmes qu'il fait ministres apostoliques (comme

Marie Madeleine après la résurrection qu'il envoie annoncer sa

résurrection et son rendez-vous en Galilée aux apôtres

incrédules), ces femmes qui le suivent et de qui il accepte

d'être soutenu de leurs biens pour son apostolat après qu'il

les a libérées du démon ou soignées.

Je ne peux dire toute la richesse de témoignage et de réflexion

de ce livre, autour de St Paul, St Augustin et bien d'autres

penseurs chrétiens, jusqu'à Luther et Calvin dont il décrit

l'évolution de pensée et de moeurs et les conséquences sociales

de leurs positions!!!

Voilà un livre riche et très documenté avec plein de notes, de

références des livres sources, signe d'un auteur très

cultivée en histoire des civilisations et qui a beaucoup lu et

s'est documentée à des sources sûres.

Je vous rappelle donc le titre :»Histoire des chrétiennes. L'autre moitié de l'évangile», d'Elisabeth Dufourcq, aux éditions Bayard, 1258 pages, 39 euros, en vente dans les librairies.