Je vous présente aujourd'hui un livre très complet sur le sujet qu'il traite, condensé, tout en ayant toujours les références les plus sures. Ce livre a pour titre "A quoi sert l'Eglise" de Maurice Vidal aux Editions Bayard, 231 pages, au prix de 14,50 euros.
Comme le dit l'auteur lui-même, ce livre est un condensé des cours donnés durant quarante ans au séminaire de Saint-Sulpice et à la faculté de théologie de l'Institut Catholique de Paris. Il a lui-même participé en expert au Concile Vatican II et on sent à sa lecture combien sa pensée est nourrie des textes de toute la tradition de l'Eglise, de l'assimilation de Vatican II jusqu'aux dernières de ses directives et où l'ouverture œcuménique est bien présente.
Mais notons plutôt son intention dans l'écriture de ce livre : "J'ai donc cherché à parler de l'Eglise selon l'intelligence que nous pouvons en avoir dans la foi chrétienne, sans perdre de vue l'Eglise réelle d'hier et d'aujourd'hui et en tenant compte d'autres points de vue que celui du théologien sur "cette réalité sociale de l'histoire" (Gaurium et Spes 44,1) que saint Paul ose appeler le Corps du Christ. J'espère pouvoir ainsi intéresser des lecteurs différents et leur être utile." Je peux dire qu'il y a réussi car, en le lisant, on comprend mieux la vie de l'Eglise, on se met à l'aimer et on désire plus encore d'en vivre pour mieux rencontrer Jésus et vivre pleinement notre adoption de fils de Dieu le Père dans et par l'Esprit.
Mais pour qui a-t'il écrit ce livre ? Il le dit lui-même : "Tous ceux, clercs et laïcs, qui aujourd'hui ont des charges pastorales dans l'Eglise ou simplement s'intéressent à elle, ont besoin de comprendre de quoi et pour quoi elle est faite. Qu'il s'agisse du déroulement d'une liturgie, de l'élaboration d'une catéchèse, de l'accueil de demandes de sacrements, du gouvernement d'une paroisse ou d'un diocèse, du statut des instituts de vie consacrée ou des communautés nouvelles, de gestion des personnes et des biens, de la manière de servir la catholicité dans la communion des différences, du dialogue œcuménique, etc. se pose toujours la question de l'Eglise. Elle se pose aussi pour les dirigeants politiques que leurs responsabilités de la cité obligent à savoir ce qu'est et veut être ou non cette Eglise, par exemple, pourquoi elle se différencie de groupes que depuis ses origines elle appelle des sectes". Devant toutes ces responsabilités et à toutes ces questions, ce livre répond, trace des pistes d'action et éclaire sur ce qu'est l'Eglise.
Ce livre, découpé en huit chapitres qui répondent à huit grandes questions. Les deux premières sont présentées par l'auteur ainsi :
"La première question est de savoir comment interpréter ce que l'Eglise dit d'elle-même et comment un discours sur l'Eglise peut être théologique tout en étant attentif à l'histoire et à la sociologie."
Vient ensuite la question de la genèse de l'Eglise, qui est à la fois de tous temps, puisque Dieu "ne cesse de rassembler son peuple" (3ème prière eucharistique du missel romain), et des deux mille ans de l'ère chrétienne. Là se pose, depuis plus de deux siècles, le problème du rapport entre Jésus et l'Eglise, dont les émissions de la chaîne Arte en avril 2004 sur " l'origine du christianisme" ont montré l'actualité et la difficulté. En effet, si la constitution de l'Eglise est clairement christologique et apostolique, elle dit elle-même devoir sa fondation au Christ mort et ressuscité pour nous. Là surgit aussi la question très délicate du rapport non seulement historique mais actuel et théologique entre l'Eglise et Israël, en révisant le regard porté par les chrétiens sur les Juifs depuis la rupture initiale. La genèse et la constitution de l'Église permettent également de mieux comprendre qu'elle soit "sainte" tout en étant et se reconnaissant société de pécheurs.
Ensuite, il faut répertorier et ordonner les différentes formes de présence de l'Eglise dans l'histoire et la société. Les annuaires ecclésiastiques d'un diocèse, de l'Eglise en France et du Saint Siège romain en font apparaître la grande diversité : diocèses et paroisses, éventuellement patriarcats, instituts de vie consacrée et autres associations de laïcs, curie romaine, etc.
Ce n'est qu'après ces parcours que je cherche à répondre à la question la plus fondamentale pour nous, celle de la raison d'être et de la mission de l'Eglise : pourquoi donc Dieu veut-il Israël, puis l'Eglise ? Que signifie cette réalité particulière et contingente dans l'histoire universelle du salut d'une humanité littéralement innombrable ? Le dernier concile, qui ne voulait ni ne pouvait reprendre l'antique formule : "Hors de l'Eglise, pas de salut", a proposé une autre réponse en présentant l'Eglise comme "sacrement du salut" : cela demande des explications ! elles se trouvent dans le livre.
J'ai abordé le sujet des fonctions, des ministères et des ministres de l'Eglise, si important dans l'Eglise catholique et le dialogue œcuménique, en commençant par le phénomène si souvent observé de la tendance au cléricalisme du clergé chrétien, plus ou moins observable dans toutes les Eglises. Pourquoi le christianisme sécrète-t-il un clergé ? le livre nous réponds.
Le dernier chapitre est consacré à une réflexion théologique sur la division des chrétiens et des Eglises elles-mêmes, sur les dialogues œcuméniques en cours, la position actuelle de l'Eglise catholique depuis Vatican II et l'avenir qui est à partir de là envisageable..."
Ainsi vous saisissez mieux l'actualité et l'importance de ce livre. Il est, de plus, bien écrit, sans fioritures et d'une lecture passionnante. Je vous en rappelle son titre : "A quoi sert l'Eglise" de Maurice Vidal aux Editions Bayard, 14,50 euros .