En cette fin d'année 2004, Le pape Jean Paul II nous invite à démarrer une année eucharistique pour nous rapprocher de l'amour de Jésus qui nous a révélé Dieu, pour mieux apprendre à nous aimer, selon sa volonté et pour que tous les hommes découvrent le sens de leur vie. Ainsi, en Jésus eucharistique, tous découvriront le cœur du monde et sa lumière pour que la paix revienne.
"Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son fils"
Pour découvrir l'importance de l'eucharistie rien ne vaut de relire "Ecclesia de eucharistia", l'encyclique du pape promulguée le Jeudi saint 2003 et parue dans la documentation catholique du 20 avril 2003 (document que nous pouvons trouver et emprunter au Centre de Culture Chrétienne, avec d'autres documents de ce style). Je vais m'appuyer sur cette encyclique pour vous faire découvrir toute l'importance de notre dévotion à recevoir et à honorer ce sacrement. Et nous découvrirons combien notre pape aime Jésus et sa réelle présence aujourd'hui au milieu de nous par ce sacrement. Son texte est tellement intense qu'il faudrait tout citer. Nous devons aimer par dessus tout pouvoir recevoir Jésus-eucharistie durant la messe comme une réelle rencontre avec Dieu. Nous devrions avoir envie de lui parler chaque jour, matin et soir, et - pourquoi pas ? – d'ouvrir une église comme "portier", le premier ordre vers le sacerdoce, afin de démarrer avec lui la journée et de le louer par les laudes et finir le jour, après vêpres, en le remerciant pour cette en refermant l'église . Voilà un service d'église à créer, chacun à notre initiative avec nos prêtres. Car il ne faut pas oublier que Jésus est venu dans le monde et a voulu rester présent en son eucharistie pour être notre vraie lumière. L'eucharistie est le lieu où nous devons nous habituer à Dieu. Notre capacité à être heureux devant le tabernacle sera en proportion de notre capacité à être heureux au paradis. De même, notre satisfaction à la lumière présence d'amour de Jésus dans l'hostie, comme centre de notre vie et axe de nos désirs, fera que Dieu sera visible après la mort pour nous et nous comblera (Apocalypse 21,10-23). Si nous n'avons pas pris le temps (il faut au moins 15 ans de prière pour en jouir avec stabilité. Avant, c'est l'apprentissage, avec des moments pénibles de purification !) d'avoir pour vrai soleil et centre de notre vie l'eucharistie, nous ne serons pas heureux de rester devant Dieu toute une éternité.
Mais voyons les chapitres de l'encyclique. Après une introduction qui nous montre que l'Église a reçu l'eucharistie des apôtres par la volonté de Jésus présent en eux depuis la Résurrection, le premier chapitre parle du" mystère de la foi", le deuxième de "l'eucharistie qui édifie l'Église", le troisième "de l'apostolicité de l'eucharistie et de l'Église", le quatrième de "l'eucharistie et la communion ecclésiale", le cinquième de "la dignité de la célébration eucharistique" , le sixième "à l' école de Marie, femme eucharistique", le tout se terminant par la conclusion.
Essayons d'en faire une synthèse rapide (car il est impossible de résumer ces chapitres si denses et dont toutes les phrases nous disent des choses essentielles pour notre foi et notre relation avec Jésus) :
- Dans l'introduction le pape nous dit que l'Eglise est née de l'eucharistie, elle vit de l'eucharistie, et elle y rencontre son maître, C'est lui qui, par le prêtre, la réalise. C'est en elle qu'elle se constitue, c'est par elle qu'elle va vers son but en Dieu le père. "L'Église naît du mystère pascal. C'est précisément pour cela que l'eucharistie, sacrement par excellence du mystère pascal, a sa place au centre de la vie ecclésiale" dit le pape. Et il dit aussi : (8) Car même lorsqu'elle est célébrée sur un petit autel d'une église de campagne, l'eucharistie est toujours célébrée, en un sens, sur l'autel du monde. Elle est un lieu (ou un lien ?) entre le ciel et la terre. Elle englobe et elle imprègne toute la création. Le Fils de Dieu s'est fait homme pour restituer toute la création, dans un acte suprême de louange, à Celui qui l'a tirée du néant. C'est ainsi que Lui, Jésus, le prêtre souverain et éternel, entrant grâce au sang de sa croix dans le sanctuaire éternel, restitue toute la création rachetée au Créateur et Père."
Le chapitre I parle de la consécration de l'eucharistie et de la présence réelle dans ce mystère. Par Jésus-eucharistie, on est en présence de la Passion, le temps et l'espace sont supprimés, On peut rencontrer Jésus qui souffre et se donne pour nos péchés et s'offrir avec lui, Il n'y a qu'un sacrifice rendu présent. De même, en ce même lieu eucharistique, la résurrection est présente; et recevoir Jésus-eucharistie nous rend participant à cette résurrection et nous donne la vie éternelle. Notre union par la communion permet à Jésus d'exprimer son amour aujourd'hui par nos actions actuelles d'amour des pauvres et de la construction du monde, C'est pour cela que nos communions doivent porter des fruits de charité en ce monde.
Le chapitre II, "L'eucharistie édifie l'église", nous dit que, présents à la consécration, les apôtres sont les premiers bénéficiaires de l'eucharistie. Ce sacrement les constitue en "un seul corps" avec le Seigneur. Ainsi, à travers le temps, Jésus se donne à celui qui communie et celui qui communie se donne à Jésus et, dans le même mouvement, à toute la Trinité. Il ne fait plus qu'un seul corps et qu'un seul cœur avec tous ses frères dans la foi. Ceci est le corps mystique du Christ. Ce chapitre nous dit tout le bien que l'on peut tirer d'une dévotion à l'eucharistie en dehors de la messe. Pouvant être avec le Seigneur, comme Jean, près de son cœur, nous y trouvons repos et consolation. Source de toute grâce et lieu d'intercession pour le monde et les hommes, l'eucharistie est le point focal entre Dieu et le monde.
Dans le chapitre III, "L'apostolicité de l'eucharistie et de l'Église", le pape nous rappelle qu'en instituant l'eucharistie, Jésus a consacré les apôtres-prêtres comme étant capables "en sa personne" durant des siècles de valider sa présence. C'est par les évêques qui se succèdent qu'une authentique eucharistie est consacrée. Et sans prêtre consacré par un évêque, pas de réelle paroisse ni d'église. Même en l'absence de prêtre, un responsable de paroisse laïc doit donner soif de l'eucharistie et de la présence de prêtre . Demandons des "ouvriers pour sa moisson" et sachons, dans notre dialogue oecuménique, peser la foi et les réalités de la présence du Seigneur pour apprécier le don immense de la fidélité apostolique de l'Église catholique, une, sainte et apostolique. Et rendons grâce pour cette présence merveilleuse et réelle de Jésus dans l'eucharistie, due à la fidélité des apôtres et des évêques.
Le chapitre IV, "L'eucharistie et la communion ecclésiale", le pape veut être conséquent avec le terme de communion qui se dit quand on reçoit l'eucharistie. Il faut être en communion avec Jésus et, si notre conscience nous montre des états de péché, il faut aller au sacrement de pénitence et de réconciliation pour se laisser remettre en pleine communion avec le Seigneur qui nous attend avec empressement dans sa miséricorde insondable. Cette communion doit être aussi pleine avec les vérités de la foi catholique, en pleine relation avec notre évêque et le pape. Cette communion doit aussi être avec l'ensemble des hommes puisqu'elle construit leur unité. Et cela engendre de vouloir réaliser toute justice et toute paix et accomplir la doctrine sociale de l'Église; car, là aussi, il peut y avoir péché à la communion reçue en Jésus. "Tout ce que vous faites au plus petit d'entre les hommes, c'est à moi que vous le faites", dit Jésus. Enfin, nous devons avoir un esprit oecuménique pour reconstruire la pleine communion entre les églises. Ainsi en communiant au corps du Christ, nous réaliserons ce que le Concile dit de l'Église : une "Ecclésiologie de communion".
Dans le chapitre V qui se nomme "La dignité de la célébration eucharistique", le pape rappelle que la foi de chaque peuple et de chaque civilisation devant ce mystère a le droit de l'entourer (église, messe, liturgie) avec la richesse qui les caractérise sous le contrôle des évêques et de Rome pour garder authenticité et universalité du mystère. Car toute la richesse culturelle du peuple et de son âme a le droit de l'animer de sa couleur et de son rythme. Bien sûr, il convient d'éviter des déviances vis à vis de ce qui atteint au respect de cette divine présence. Les mises en garde correspondent aux textes sur l'eucharistie publiés cette année.
Au chapitre VI, "A l'école de Marie, femme eucharistique", le pape nous invite d'une part, comme à Cana, "à faire tout ce qu'il nous dit", c'est à dire"faire mémoire" et agir selon sa parole. D'autre part, à avoir une attitude comme celle de Marie quand elle reçut l'annonciation puis la visitation : une attitude de foi, d'accueil, de louange et de charité. Car nous recevons comme Marie le Verbe de Dieu pour nous et pour les hommes.
Dans la conclusion de son encyclique, le pape dévoile toute l'intensité de sa foi, de son amour pour Jésus dans l'eucharistie, de sa joie à le faire venir durant sa vie. Pour lui, c'est le cœur de son contact avec Dieu, de la vie de l'Église, du chemin vers le Père, la source de tout apostolat, l'unité du genre humain et un lieu de paix. Comme lui et avec la même foi, faisons de cette année eucharistique un renouveau de notre foi. Avec Jésus-eucharistie, participons "à ce qui manque à sa passion pour le salut du genre humain" et aidons Jésus à réaliser cette parole : "Du haut de la croix j'attirerai tous les hommes à moi...".
Par nos visites à Jésus-eucharistie dans nos églises, par notre participation à la messe et nos dialogues avec Jésus, faisons de cette année eucharistique une année d'amour de Dieu plus intense.