Mystère douloureux 3 : le couronnement d'épines

Matthieu 27,27-31
Les soldats du gouverneur conduisirent Jésus dans le prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte.
Ils lui ôtèrent ses vêtements, et le couvrirent d'un manteau écarlate.
Ils tressèrent une couronne d'épines, qu'ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite; puis, s'agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant: Salut, roi des Juifs!
Et ils crachaient contre lui, prenaient le roseau, et frappaient sur sa tête.
Après s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier.

Et ce qu'il doit lui en coûter d'adhérer à la volonté du Père apparaît dans les mystères suivants, la flagellation, le couronnement d'épines, la montée au Calvaire, la mort en croix, par lesquels il est plongé dans la plus grande abjection: Ecce homo! 

Jean Paul II

Voici Jésus le corps en sang. On lui remet ses vêtements, et après des interrogatoires où il ne répond pas, Pilate demande à Jésus s'il est roi. Et Jésus l'affirme, dans une situation qui n'est plus crédible, il affirme qu'il est Roi, qu'il est venu pour révéler la vérité, que son royaume n'est pas de ce monde (face à tant d'histoires et de dieux, en ces siècles et continents). Et cela va se retourner contre lui. On va se moquer de la pauvreté de Dieu qui veut faire venir un règne de l'amour et de la Vérité dans un monde de haine, d'ambition, de violence, de mensonge, de calcul. De plus il le fait en respectant la liberté de chacun, c'est-à-dire avec discrétion pour ne pas s'imposer, ni par la force, ni par le merveilleux.
Livré aux soldats qui ont tout entendu, on va lui faire une couronne d'épines, un sceptre de roseau, un manteau de comédie. Pire, on lui voile la face pour mieux le frapper et l'humilier. Mais jusqu'où Dieu pardonne et prend patience ! Qui mieux que Jésus sait qui le frappe, et son péché, et il ne dit rien.... Lui , le Verbe de Dieu qui a tout fait, écrasé d'humiliation, il rejoint dans son coeur tous les enfants martyrisés et battus, les femmes humiliées, battues, tuées, les hommes en esclavage, les ados violés et ceux qui veulent la vérité, qui cherchent la justice et qui sont licenciés, brisés, humiliés à travers les siècles et les pays. Jésus a choisi d'être avec eux, comme eux, en eux. Il prend patience dans ce monde. Il a choisi son camp, celui des petits et des faibles.
Et quand le pouvoir économique ou politique se montre, dans les médias, plein d'orgueil et de suffisance, nous rendant nous aussi humiliants, suffisants, méchants et trop seuls, Jésus, Dieu roi et vrai maître du royaume des cieux, ainsi écrasé et humilié, peut, dans le sacrement de réconciliation reçu d'un prêtre, casser la coquille d'orgueil de notre coeur et en lui remettant ses péchés nous rendre un coeur, à l'heure où on ne l'espère plus, son coeur en nous, doux et humble serviteur des hommes, et amoureux du Père infini d'amour dans sa présence silencieuse.
Jésus a passé dans sa chair, dans sa tête, la plus injuste des épreuves, lui si digne, être si humilié. Ainsi c'est tous les humiliés, les abandonnés, les persécutés, les écrasés, les mis au placard, qu'il rejoint, les chômeurs, les mis en asile, les exilés, et bien sûr dans ce mystère tous ceux qui souffrent de mal de tête.

Avec le passage aussi chez Hérode, où il est traité de fou puisqu'il ne veut pas répondre et faire des miracles, Jésus rejoint dans leurs moments de lucidité tous les fous ou malades mentaux du monde qui attendent sur le bord du remblai de l'hôpital, enfermés, de disparaître inutiles. Jésus les rejoint et leur dit que malgré leurs maladies, leurs vies peuvent avoir un sens. Ils peuvent avec lui réparer l'orgueil des hommes, de ceux qui savent qu'ils ont une intelligence qui marche mais pas pour le bien de tous les hommes. Ils peuvent être les instruments de Dieu pour une parole de sagesse. Ils sont aimés et peuvent de coeur rejoindre l'Église de Dieu qui les sauve.

Il est aussi présent dans les familles du Quart-monde toujours humiliées de raconter leur vie pour avoir un secours, critiquées et jugées pour ce qu'elles ont subi malgré elles, mises à nu devant tous dans leurs pauvretés et marquées par les services sociaux. Jugés et bannis par les hommes sur leur apparence. Durant ce mystère, demandons à Dieu , la vraie humilié, celle que l'on nous impose ou qui révèle nos vrais défauts. Acceptons-nous, sans aucune excuse, en nous donnant à Dieu ainsi, et promettons-lui de nous donner ainsi dans le sacrement de réconciliation sans détour ni paraître, avec le courage contre notre honte de tout notre orgueil et autres péchés durs à avouer.

Paul Mandonnaud et dominique Pillet