Mystère douloureux 5 : mort sur la croix
Il y avait là un vase plein de vinaigre. Les soldats en remplirent une éponge, et, l'ayant fixée à une branche d'hysope, ils l'approchèrent de sa bouche.
Quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit: Tout est accompli. Et, baissant la tête, il rendit l'esprit.
Dans la crainte que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, -car c'était la préparation, et ce jour de sabbat était un grand jour, -les Juifs demandèrent à Pilate qu'on rompît les jambes aux crucifiés, et qu'on les enlevât.
Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes au premier, puis à l'autre qui avait été crucifié avec lui.
S'étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes;
mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l'eau.
Celui qui l'a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai; et il sait qu'il dit vrai, afin que vous croyiez aussi.
Ces choses sont arrivées, afin que l'Écriture fût accomplie: Aucun de ses os ne sera brisé.
Et ailleurs l'Écriture dit encore: Ils verront celui qu'ils ont percé.
Les mystères douloureux conduisent le croyant à revivre la mort de Jésus en se mettant au pied de la croix, près de Marie, pour pénétrer avec elle dans les profondeurs de l'amour de Dieu pour l'homme et pour en sentir toute la force régénératrice.
Jean Paul II
Arrivé au Golgotha, Jésus est pris pour être cloué sur la croix. Une main transpercée qui saigne puis l'autre est tirée pour entrer le clou dans le trou prévu, son poitrail craque, puis les deux pieds avec un avant-trou avec chignole. Non seulement il souffre des clous mais tout est douloureux, bouger, respirer, penser, parler, et il va pardonner (Que fait-on au fils unique du Vrai Dieu). Il va nous donner sa mère, il va promettre le paradis au bon larron (le soir même), être insulté par les prêtres et les passants, son âme écrasée par tous les péchés.
"Père pourquoi m'as tu abandonné ?" qui est aussi un psaume de confiance en la résurrection. Il va demander à boire et recevoir, avec le vinaigre, un feu terrible en lui. Toutes les morts des hommes sont passées en son âme, en son corps et en son esprit. Il les a tous aimés et accompagnés jusque au bout. À nous d'accueillir le salut dans la foi.
"Tout est consommé." Alors, à l'étonnement d'un spécialiste de ces morts, le centurion, il va pousser un grand cri et mourir en confiance inouïe à son Père : "Père, je remets entre tes mains mon esprit." Il donne sa vie librement, il passe alors par la mort qui est la séparation de l'âme et du corps.
Son corps est là sur la croix, avant d'être remis à Marie dans ses bras.
Son âme, selon le Credo, "descend aux enfers", c'est-à-dire qu'il va passer près du "sein d'Abraham" où tressaillent de joie les saints de l'Ancien Testament. Avant de les rejoindre le soir même, il va rejoindre dans les enfers tous les hommes ayant vécu, pour se faire connaître à eux et en libérer beaucoup qui choisissent l'amour. Puis il va soumettre l'Enfer et les démons à son règne et enchaîner Lucifer. Le tout avec quelque liberté pour équilibrer nos choix. Ste Catherine Emmerich dit que, vers la fin du 20ème siècle, Satan sera libéré un temps avant la fin (ceci est dit au 19ème siècle). N'est-ce pas le fait de la sécularisation, de l'athéisme naturel actuel et de la chute de beaucoup de prêtres, enfin les attaques contre l'Église, et la multiplication des divorces et de la violence surtout chez les jeunes?
Après avoir soumis l'enfer avec les élus, il remonte au Paradis en son âme avec les saints du Sein d'Abraham, y compris le bon larron dès ce même soir du Vendredi saint, fêter Dieu avec tous les pauvres qui l'ont désiré.
Marie sur terre reçoit le corps de son fils, et en son âme elle fait le chemin de croix, devient la mère de tous les hommes en pesant le poids de douleur de son fils, et en les partageant, ainsi rentre un glaive dans son âme. Elle pèse ainsi toutes les mères du Quart Monde qui ont leurs enfants morts de faim ou de misère dans leur bras...
Le Samedi Saint, et maintenant encore, Jésus descend aux enfers qui lui sont soumis, libérer des âmes du purgatoire selon un temps qui est juste, pour qu'un jour nous soyons tous en Dieu par Jésus. Pour cela nos prières et offrandes de sacrifices comptent pour Jésus.
Durant ce mystère, promettons à Jésus de méditer sa passion, et sa mort avec Marie et St Joseph pour qu'ils soient là avec nous pour passer vers le Père à l'heure de notre mort. Promettons de ne pas fuir ceux qui meurent et de les aider dans la prière à faire le pas vers Dieu. Faisons de notre rosaire, grâce aux mérites de la croix de Jésus, médité grâce à la contemplation des plaies de Jésus, pesé, partagé et aimé, faisons de notre rosaire une échelle d'intercession pour éviter aux hommes l'enfer, et sortir du purgatoire par nos prières et la prière des saints et de Marie le maximum d'hommes, en vivant à fond la communion des Saints jusqu'au partage de la passion de Jésus.
Paul Mandonnaud et dominique Pillet
La Passion du Père était vécue en Marie (I)
La Vierge Marie m'a fait comprendre ce que, jusqu'ici je n'avais pas compris en profondeur. C'est que, pendant la Passion, le Saint Esprit s'est comme incarné en Marie. Par Lui, le Père et Marie se rejoignaient intimement et ne faisaient qu'Un.
La Passion de Jésus était aussi la Passion du Père, la Passion du Père était vécue dans Marie. Le Père, Lui, a emprunté, pour ainsi dire son coeur humain pour souffrir en Elle, avec Elle, par Elle, la Passion de leur Fils, de leur enfant, dans une seule fusion d'amour. La Passion du Père et la Passion de Marie n'étaient plus qu'une seule Passion humanisée, vécue en Marie dans un amour et une intensité infinie, celle du Père Lui-même.
Pendant toute la Passion de Jésus, le Saint-Esprit était le lien, la communication entre Jésus et Marie et le Père en Elle. C'est la Trinité qui était en Passion avec Marie. Tout ce que Jésus souffrait, tout ce qu'Il ressentait dans Son corps, dans Son âme, dans Son coeur humain, le Saint-Esprit le transmettait dans Marie qui éprouvait aussitôt les mêmes souffrances, les mêmes sentiments de désolation, d'amour pour le Père, de pardon pour les hommes. Au pied de la Croix, Sa maternité, Son amour pour Jésus ont atteint le sommet de la plénitude car, en Elle, le Père vivait et lui faisait partager la plénitude, la perfection l'infini de Sa paternité à Lui.
De même, pour nous, parents (combien est faible la comparaison), c'est à la mort d'un de nos enfants, ou dans sa plus grande souffrance, que notre amour pour lui atteint son plus haut degré. Alors le père et la mère se rapprochent l'un de l'autre, même si leur union humaine n'est pas parfaite, dans un seul et même amour, dans une seule et même douleur, dans une seule fusion de paternité et de maternité?
Il y avait aussi la présence invisible de saint Joseph qui partageait tout avec Marie. Marie avec Jésus, en même temps que Lui, disait, tout bas : « J'ai soif ». Elle avait soif avec Lui, et pas seulement de cette soif physique, atroce, dans son corps meurtri, vidé de sang, brûlant de fièvre. Marie a sûrement essayé de soulager cette soif-là. Mais combien fortement elle éprouvait avec Jésus cette soif spirituelle, cette soif de nous tous qu'Il voulait sauver par Sa mort.
Ce que vivait Jésus, Marie le vivait avec Lui. Dans sa maternité qui connaissait sa plus intense plénitude, Elle rassemblait en Elle ses enfants, absolument tous les enfants de Dieu, ses enfants de tous les temps depuis le commencement jusqu'à la fin du monde. Pas un seul ne manquait, bons et mauvais. Avec son Jésus bien-aimé, elle disait aussi : « Père, pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font ».
Ce n'était pas seulement pour ceux qui, au Calvaire, faisaient souffrir Jésus. Mais pour les hommes pécheurs de tous les temps. Avec Lui, son coeur disait inlassablement : « Père pardon, Père pardon, Père pardon ! »
Elle présentait aussi à son Fils tous ceux qui L'ont aimé, attendu, tous ceux qui L'aiment actuellement, nous étions là, présents, ainsi que tous ceux qui L'aimeront jusqu'à la fin des temps, rassemblés dans une même unité dans le coeur de la Vierge où brûlait le coeur du Père. Notre amour a été le suprême réconfort de Jésus mourant.
La Passion de Madame R. (Rolande Lefebvre)
Plon 1993, p. 207-208