Mystère douloureux 4 : portement de croix

LUC 23,26-32
Alors Pilate leur relâcha Barabbas; et, après avoir fait battre de verges Jésus, il le livra pour être crucifié.
Les soldats du gouverneur conduisirent Jésus dans le prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte.
Ils lui ôtèrent ses vêtements, et le couvrirent d'un manteau écarlate.
Ils tressèrent une couronne d'épines, qu'ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite; puis, s'agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant: Salut, roi des Juifs!
Et ils crachaient contre lui, prenaient le roseau, et frappaient sur sa tête.
Après s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier.
Lorsqu'ils sortirent, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, appelé Simon, et ils le forcèrent à porter la croix de Jésus.

Dans cette abjection se révèle non seulement l'amour de Dieu mais le sens même de l'homme. Ecce homo: qui veut connaître l'homme doit savoir en reconnaître le sens, l'origine et l'accomplissement dans le Christ, Dieu qui s'abaisse par amour « jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix » (Ph2,8).

Jean Paul II

Jésus brisé par la douleur, humilié, se voit injustement condamné à mort. A 33 ans, plein de vie, il doit assumer de mourir dans quelques heures, et jusqu'à cette heure il doit traverser d'épouvantables supplices. Au lieu de se révolter, face à la foule qui crie " à mort " quand Pilate dit "Voici l'homme ", il fait un acte d'amour, il choisit de vivre cela dans l'amour, il se donne à nous pour nous apporter le meilleur de lui, sa vie avec Dieu, pour pouvoir malgré nos péchés, grâce aux sacrements, nous donner sa vie divine.
Et on l'amène vers son supplice, en portant lui-même cet instrument sur lequel il va mourir, la croix. Croix que très douloureusement on lui met sur son épaule et son dos en sang de la flagellation ; il a perdu du sang, il est faible et tombe 7 fois. Il est aidé par Simon de Cyrène, il console les femmes de Jérusalem, accueille Véronique qui lui essuie le visage, voit sa mère. Mais plus que tout cela, en son âme, il partage les peines, les fatigues et les angoisses de tous les hommes qui vont au travail, sont brisés par les conditions de ce travail, les blessés, les malades. Au travers de ces soldats qui le bousculent, il est au milieu des hommes qui subissent les guerres, les haines tribales, les massacres d'innocents, ceux avant lui et ceux jusqu'à la fin du monde.
Il va supporter l'extrême faiblesse due aux souffrances qui, pour nous, nous mènent à des péchés pour compenser et chercher une force ailleurs que dans son amour. On le fait tomber lui aussi, le faible, et il va se relever 7 fois, un peu plus meurtri. Il va par le sacrement de l'extrême-onction venir avec nous donner son amour, sa force, sa vie de Dieu en nous, pour vivre dans sa paix notre croix et notre mort. Et il va venir nous accompagner pour nous conduire vers Dieu à travers la mort sans la voir, pour aller au paradis de son royaume à la place qu'il nous a préparée.
Il va, à travers ses souffrances du portement de croix, partager tout ce que vivent les victimes des mines qui sautent, des bombes qui tombent sur l'innocent et ce long cortège de vies brisées, de tous les accidentés de la route ou de la vie et leur handicap. Ces vies d'handicapés si lourdes, il y est présent chaque jour, dans son poids et son rythme si lent, avec tout son amour.

Il va aussi partager les souffrances de son Église persécutée à tous les âges du monde, de tous les missionaires et évêques allant vers les peuples ; partager aussi leurs faiblesses ou leurs manques pour les réparer et les purifier. Il va tomber sous le poids des péchés de son Église et se relever en lui donnant des saints pour la restaurer et la purifier.

Arrivé sur le Golgotha , on lui enlève son manteau, on le met dans une petite grotte en attendant de le crucifier et on partage son vêtement, sa tunique de sa mère. Et là, seul dans sa souffrance et sa solitude, il rejoint toutes les sortes de condamnés à mourir sous peu, otages, prisonniers, exécutés ou victimes. Il partage le lit de ceux qui meurent à l'hôpital, loin de tous leurs enfants, famille ou amis. Seul avec Dieu, seul avec seulement devant lui les souffrances et le passage de l'accouchement à la vie éternelle qui paraît un mur, un gouffre au-delà desquels on ne sait comment passer, où on ne passe dans la confiance qu'avec la main de Jésus mort et ressuscité, et avec sa mère Marie. "Ce soir, tu seras avec moi dans le Paradis ." Durant ce mystère, prions pour avoir le courage d'accepter toutes les petites croix de la vie quotidienne, d'aller d'abord à ce qui nous est pénible dans notre devoir quotidien, aux exigences de notre métier sans fuite ni remise à plus tard. Demandons le courage de faire la vérité et d'en porter les conséquences humblement, et pensons à ces femmes du quart monde de partout qui ne savent pas comment nourrir leurs enfants, où coucher le soir et dont la vie est un chemin de croix, avec les hommes sans travail et tous les pauvres seuls dans la vie. Allons partager leur croix pour rejoindre Jésus.

Paul Mandonnaud et dominique Pillet