Mystère douloureux 4 : portement de croix
Les soldats du gouverneur conduisirent Jésus dans le prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte.
Ils lui ôtèrent ses vêtements, et le couvrirent d'un manteau écarlate.
Ils tressèrent une couronne d'épines, qu'ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite; puis, s'agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant: Salut, roi des Juifs!
Et ils crachaient contre lui, prenaient le roseau, et frappaient sur sa tête.
Après s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier.
Lorsqu'ils sortirent, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, appelé Simon, et ils le forcèrent à porter la croix de Jésus.
Dans cette abjection se révèle non seulement l'amour de Dieu mais le sens même de l'homme. Ecce homo: qui veut connaître l'homme doit savoir en reconnaître le sens, l'origine et l'accomplissement dans le Christ, Dieu qui s'abaisse par amour « jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix » (Ph2,8).
Jean Paul II
Jésus brisé par la douleur, humilié, se voit injustement           condamné à mort. A 33 ans, plein de vie, il doit assumer de mourir dans           quelques heures, et jusqu'à cette heure il doit traverser           d'épouvantables supplices. Au lieu de se révolter, face à la foule qui           crie " à mort " quand Pilate dit "Voici l'homme ", il fait un acte           d'amour, il choisit de vivre cela dans l'amour, il se donne à nous           pour nous apporter le meilleur de lui, sa vie avec Dieu, pour pouvoir           malgré nos péchés, grâce aux sacrements, nous donner sa vie divine. 
  Et on l'amène vers son supplice, en portant lui-même cet instrument           sur lequel il va mourir, la croix. Croix que très           douloureusement on lui met sur son épaule et son dos en sang de la           flagellation ; il a perdu du sang, il est faible et tombe 7 fois. Il est           aidé par Simon de Cyrène, il console les femmes de Jérusalem, accueille           Véronique qui lui essuie le visage, voit sa mère. Mais plus que tout           cela, en son âme, il partage les peines, les fatigues et les           angoisses de tous les hommes qui vont au travail, sont brisés par les           conditions de ce travail, les blessés, les malades. Au travers de ces           soldats qui le bousculent, il est au milieu des hommes qui subissent les           guerres, les haines tribales, les massacres d'innocents, ceux avant lui           et ceux jusqu'à la fin du monde. 
  Il va supporter l'extrême faiblesse           due aux souffrances qui, pour nous, nous mènent à des péchés pour           compenser et chercher une force ailleurs que dans son amour. On le fait           tomber lui aussi, le faible, et il va se relever 7 fois, un peu plus           meurtri. Il va par le sacrement de l'extrême-onction venir avec nous           donner son amour, sa force, sa vie de Dieu en nous, pour vivre dans sa           paix notre croix et notre mort. Et il va venir nous accompagner           pour nous conduire vers Dieu à travers la mort sans la voir, pour aller           au paradis de son royaume à la place qu'il nous a préparée. 
  Il va, à           travers ses souffrances du portement de croix, partager tout ce que           vivent les victimes des mines qui sautent, des bombes qui tombent sur           l'innocent et ce long cortège de vies brisées, de tous les accidentés de           la route ou de la vie et leur handicap. Ces vies d'handicapés si           lourdes, il y est présent chaque jour, dans son poids et son rythme si           lent, avec tout son amour.
  
  Il va aussi partager les souffrances           de son Église persécutée à tous les âges du monde, de tous les           missionaires et évêques allant vers les peuples ; partager aussi           leurs faiblesses ou leurs manques pour les réparer et les purifier. Il           va tomber sous le poids des péchés de son Église et se relever en lui           donnant des saints pour la restaurer et la purifier.
  
  Arrivé sur           le Golgotha , on lui enlève son manteau, on le met dans une petite           grotte en attendant de le crucifier et on partage son vêtement, sa           tunique de sa mère. Et là, seul dans sa souffrance et sa solitude, il           rejoint toutes les sortes de condamnés à mourir sous peu, otages,           prisonniers, exécutés ou victimes. Il partage le lit de ceux qui meurent           à l'hôpital, loin de tous leurs enfants, famille ou amis. Seul avec           Dieu, seul avec seulement devant lui les souffrances et le passage de           l'accouchement à la vie éternelle qui paraît un mur, un gouffre au-delà           desquels on ne sait comment passer, où on ne passe dans la           confiance qu'avec la main de Jésus mort et ressuscité, et avec           sa mère Marie. "Ce soir, tu seras avec moi dans le Paradis ." Durant ce mystère, prions pour avoir le courage d'accepter toutes           les petites croix de la vie quotidienne, d'aller d'abord à ce qui nous           est pénible dans notre devoir quotidien, aux exigences de notre métier           sans fuite ni remise à plus tard. Demandons le courage de faire la           vérité et d'en porter les conséquences humblement, et pensons à ces           femmes du quart monde de partout qui ne savent pas comment nourrir leurs           enfants, où coucher le soir et dont la vie est un chemin de croix, avec           les hommes sans travail et tous les pauvres seuls dans la vie.           Allons partager leur croix pour rejoindre Jésus. 
Paul Mandonnaud et dominique Pillet
